9/20/2007

Réforme de la Moudawana : la longue marche des femmes marocaines

La Moudawana, inspirée de la Charia et promulguée en 1957, définit un modèle traditionnel de la famille en régissant les droits desfemmes et en affirmant l'inégalité de celles-ci face aux hommes au sujet de la conclusion du mariage, de la vie conjugale, du divorce etde la garde des enfants. La réalité en est loin.Depuis quelques années le statut de la femme au Maroc est au centre de débats et de polémiques. Ainsi le 19 mars 1999, le Premierministre présente "le plan d'action pour l'intégration des femmes au développement", axé autour de quatre domaines prioritaires :l'alphabétisation et l'éducation, la santé reproductive, l'intégration des femmes au développement économique et le renforcement deleurs pouvoirs. Ce plan se fixe comme objectif de garantir une participation réelle des femmes à la vie culturelle, politique et économiqueet d'éradiquer toutes formes de discriminations à leur égard.Le dernier point du plan, qui concerne le renforcement de la participation des femmes à l'exercice du pouvoir, est en fait une réforme dela Moudawana et sa remise en cause a provoqué de vives critiques. Une partie de la société marocaine résiste à toute évolution du statutdes femmes, invoquant un risque de déstabilisation de la société traditionnelle patriarcale par une trop importante occidentalisation desmoeurs. On se souvient notamment du succès de la manifestation du 12 mars 2000 à Casablanca contre le plan d'action organisé parle PJD (parti islamique représenté au Parlement marocain) et les membres d'associations islamiques.Toutefois, la publication au bulletin officiel du 18 janvier 2001, de la convention internationale sur "l'élimination de toutes les formes dediscriminations à l'égard des femmes" pouvait laisser espérer une véritable réforme de la Moudawana. La commission consultativechargée de sa révision prévoyait d'organiser une rencontre en octobre dernier avec les associations de défense des droits de l'Hommeafin de connaître leurs positions. Plusieurs de ces organisations ont refusé de s'y rendre, motivées par le fait qu'elle était constituéed'ouléma (juristes de droit islamique) et non d'acteurs de la cause féminine.Aussi, l'évolution du statut juridique de la femme marocaine tant attendu par les mouvements de défense des droits humains et par lasociété civile n'est toujours pas traduite par des mesures concrètes.